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Quels dispositifs d’aide en santé mentale dans le Bassin Sud-Est ?

21 Nov

Retour sur la rencontre du 10 octobre

 

Pour répondre au besoin exprimé par beaucoup d’intervenant·es social-santé de mieux connaitre les dispositifs d’aide en santé mentale disponibles dans le Bassin Sud-Est et faciliter les orientations, trois éditions spéciales de la Concertation « Santé mentale » sont prévues durant l’année scolaire 2025–2026.

 

La première de ces rencontres s’est tenue le 10 octobre dernier. Elle a mis en lumière les différents accompagnements en ambulatoire ou à domicile disponibles dans le Bassin Sud-Est pour les personnes en difficulté psychologique. Vingt professionnel·les de plusieurs SSM, centres de planning, équipes mobiles, services de coordination de soins et d’aide à domicile ou travaillant dans les soins psychologiques de 1ère ligne ont présenté leur offre et répondu aux questions des 37 participant·es. Un sincère merci à tous ces intervenant·es ! Au total près de soixante professionnel·les ont donc pu échanger sur les spécificités des dispositifs présentés et renforcer leur réseau.

 

À cette occasion, un aide-mémoire pour l’orientation a été mis en ligne : il recense tous les dispositifs ambulatoires et à domicile accessibles dans le Bassin Sud-Est.

 

L’accompagnement en ambulatoire

 

La rencontre a débuté avec un sondage des participant·es à propos de l’accompagnement ambulatoire.

  • Près de 80% des répondant·es déclarent percevoir peu ou pas du tout les spécificités entre SSM, psychologues de première ligne et centres de planning familial.
  • Outre la saturation des services, les principales difficultés rencontrées lors des orientations concernent :
    • les freins du côté des bénéficiaires (refus, méfiance, déni, difficulté à demander de l’aide, freins culturels ou liés à la perception des soins en santé mentale),
    • les barrières financières,
    • le manque de solutions adaptées pour les personnes en grande précarité,
    • le manque de connaissance du réseau,
    • la digitalisation des services,
    • le manque de retour des prises en charge réalisées et le secret professionnel non partagé.
  • Les attentes des participant·es portent sur : une meilleure compréhension des rôles, disponibilités et conditions d’accès  des dispositifs ; des pistes pour faciliter un accueil bas seuil ; des moyens d’encourager l’engagement et la régularité des suivis ; davantage de retours pour assurer la continuité de la prise en charge.

 

Les participant·es ont ensuite échangé en plus petits groupes avec des professionnel·les du Bassin travaillant dans un SSM, un CPF ou dans les soins psychologiques de première ligne. Voici les principaux éléments qui en ressortent.

 

Services de santé mentale

 

  • Les SSM assurent l’accueil, le diagnostic et le traitement de toute problématique de santé mentale, dans une approche pluridisciplinaire (équipes composées de psychologues, de psychiatres, d’assistant·es sociaux·ales et parfois de logopèdes). Ils développent également des activités de prévention et de formation.
  • Le degré de saturation est variable selon les périodes et les services. En cas d’impossibilité de prise en charge, une réorientation est assurée.
  • Les SSM peuvent accueillir des personnes de toutes communes, avec parfois une priorité donnée aux personnes domiciliées à proximité. Ils interviennent rarement à domicile, pour des cas particuliers.
  • Les consultations sont payantes – hormis les consultations sociales – avec des tarifs adaptés aux moyens des bénéficiaires.
  • Chaque SSM développe également des projets spécifiques.
  • Certain·es participant·es sont en demande d’un répertoire précisant pour chaque service ces projets spécifiques ainsi que les langues parlées.

 

Centres de planning familial

 

  • Les CPF proposent des consultations psychologiques, juridiques, médicales et sociales ainsi que des animations EVRAS. On y trouve également un accueil gratuit et confidentiel où un·e professionnel·le écoute la demande, répond aux questions et oriente selon les besoins.
  • Comme dans les SSM, l’équipe est pluridisciplinaire mais sans psychiatre. Certains CPF proposent des consultations sexologiques, conjugales et familiales ainsi que des consultations de médiation familiale. L’offre des CPF est présentée sur www.monplanningfamilial.be. Tous les centres de planning familial ne pratiquent pas des IVG. Un centre qui ne pratique pas des IVG oriente vers un autre centre de planning qui pratique des IVG.
  • La disponibilité des consultations psychologiques est variable selon la période de l’année. En revanche, les autres consultations (juridiques, médicales, sociales) sont rarement saturées.
  • Comme dans les SSM, les consultations sont payantes – hormis les consultations sociales – mais le prix est adapté à la situation financière de la personne. L’argent ne doit pas être en frein.

 

Psychologues de première ligne

 

  • L’objectif est d’offrir aux personnes de tout âge une prise en charge rapide avec un objectif de prévention, de détection et d’intervention précoce dans le cas de troubles légers et modérés.
  • Les intervenantes ont présenté l’offre de consultations individuelles ainsi que les séances en groupe : ateliers de sensibilisation (one shot) ou cycles de plusieurs séances. Les ateliers de sensibilisation peuvent servir de première accroche pour aborder des thématiques de santé mentale, sans entrer directement dans un travail thérapeutique. En tant que professionnel·le, il est possible d’orienter ses bénéficiaires vers les ateliers ou cycles de séances existants ou bien encore de co-animer un groupe thérapeutique ou de proposer un atelier de sensibilisation dans sa structure.
  • Les PPL peuvent également apporter un soutien par la co-consultation, en se déplaçant dans la structure pour accompagner l’intervenant·e lors d’entretiens avec les bénéficiaires.

 

Certaines questions ou préoccupations transversales sont revenues dans les discussions en groupes :

  • Difficulté d’accès aux soins quand les bénéficiaires ne sont pas conscients de leurs difficultés, n’expriment pas de demande ou ont du mal à « lâcher » leur intervenant·e de première ligne.
  • Saturation des services.
  • Importance de la connaissance mutuelle entre professionnel·les pour faciliter les relais.
  • Besoin d’approches ethnopsychiatriques pour déconstruire certaines représentations autour de la santé mentale.
  • Manque de solutions adaptées pour les personnes en grande précarité (inadéquation des prises en charge « classiques » avec des horaires fixes, peu de flexibilité). Pistes évoquées à ce sujet : possibilité de s’adresser à tout moment à l’accueil d’un service (SSM ou CPF) qui pourra relayer la demande à l’équipe ; accessibilité de lieux de lien tels que Babel’zin. NB : les lieux de liens feront l’objet d’une présentation lors de la 3e matinée prévue le 12 mai 2026.

 

L’accompagnement à domicile

 

La seconde partie de la matinée portait sur trois dispositifs d’accompagnement à domicile.

Selon le sondage introductif : 45% des répondant·es ne perçoivent pas du tout les spécificités entre équipes mobiles, SPAD et services de coordination ; 26% les perçoivent peu.

 

Les participant·es ont échangé en sous-groupes avec des professionnel·les du Bassin intervenant dans l’un de ces trois dispositifs.

 

Équipes mobiles

 

  • L’accompagnement des équipes mobiles s’adresse aux personnes qui rencontrent une problématique de santé mentale et qui n’accèdent pas aux soins ambulatoires en raison de difficultés médicales, sociales et/ou familiales.
  • Les équipes mobiles ne proposent pas de consultations psychologiques à domicile mais un soutien psychosocial qui vise la (re)mobilisation d’un réseau d’aide et de soins autour de la personne. La personne doit être prête à rencontrer l’équipe mobile. L’intervention des équipes mobiles est gratuite.
  • Pour connaitre les disponibilités d’une équipe mobile, il faut la contacter afin qu’elle évalue la demande en fonction des places disponibles. Si la situation ne peut pas être prise en charge, l’équipe formule une proposition d’alternative.

 

Deux équipes mobiles s’adressant à des publics différents se sont présentées :

  • Bru-Stars accompagne les enfants et adolescents (et leurs familles) jusqu’à 23 ans. Trois équipes prennent en charge différentes tranches d’âge dans toute la Région bruxelloise : enfants (0-11 ans), jeunes ados (12-15 ans) et grands ados (16-23 ans). Il existe également une équipe mobile médico-légale pour les jeunes qui sont sous le coup d’une décision de justice. Chaque équipe est supervisée par un·e pédopsychiatre. Deux types d’accompagnement sont proposés : les soins de longue durée (2 à 12 mois, renouvelable) ou les soins de crise (4 à 6 semaines, renouvelable). NB : Les soins de crise de Brustars feront l’objet d’une présentation spécifique lors de la 2e matinée prévue le 20 janvier prochain. Les équipes interviennent en binôme à domicile. La demande doit être adressée par un·e professionnel·le (médecin, enseignant·e, CPMS, éducateur·rice de rue…). La permanence de Bru-stars peut également communiquer des informations et des conseils.
  • L’Équipe mobile TELA s’adresse aux adultes. Elle est active sur le territoire de l’est de Bruxelles. Elle propose un accompagnement soutenu (1x/semaine) et sur-mesure dont le champ d’intervention est assez large. Comme chez Bru-stars, un pédopsychiatre fait partie de l’équipe et participe au suivi des situations. En revanche, il n’y a pas de limite dans le temps : le suivi est « aussi court que possible et aussi long que nécessaire ».
  • Il existe d’autres équipes mobiles avec une offre spécifique (précarité, assuétudes, double diagnostic…) dont la liste figure dans l’aide-mémoire.

 

SPAD

 

  • Le SPAD est un service psychosocial à domicile. Comme les équipes mobiles, les SPAD ne proposent pas de thérapies à domicile mais un soutien psychosocial pour des adultes en difficulté psychique résidant à domicile. Ce soutien (gratuit) vise la coordination et le suivi d’un réseau de soins autour de la personne. À la différence des équipes mobiles, l’équipe n’inclut pas de psychiatre. Une autre différence porte sur la fréquence de l’accompagnement, moins soutenue (toutes les 3 semaines environ) que celle proposée par les équipes mobiles.
  • Les demandes de suivi peuvent être adressées à des moments spécifiques de l’année, lors de l’ouverture de nouvelles places.
  • Le SPAD Caligo assure en outre une mission « senior » : il offre un soutien psychosocial aux personnes âgées qui séjournent à domicile ou en maison de repos.
  • Une autre mission des SPAD est de proposer des sessions de sensibilisation, de coaching ou d’intervision aux Intervenant·es de première ligne confronté·es dans leur pratique à des questions de santé mentale.

 

Services de coordination de soins et services à domicile

 

  • Ces services proposent une intervention (gratuite) pour mettre en place et coordonner différentes interventions d’aides, de soins et de services nécessaires au maintien ou au retour à domicile.
  • Il existe 5 services de ce type en région bruxelloise, subsidiés par la COCOF, dont la CSD et COSEDI qui ont présenté leur service. Un·e bénéficiaire, un·e proche ou un·e professionnel·le peut contacter au choix l’un de ces 5 services, quelle que soit la mutuelle de la personne concernée.
  • Le service analyse les besoins et mobilise les professionnel·les nécessaires (internes ou externes) pour différentes interventions à domicile : aide à la vie journalière, soins infirmiers, repas, coiffure, kinésithérapie, logopédie, soutien psychologique (via un SSM, un·e psychologue de première ligne ou un·e psychologue non conventionné, équipe mobile…).

 

Outre ces trois dispositifs, l’existence des projets Protocole 3 a également été rappelée. Ces projets financent trois types de prestations, dont les visites à domicile d’un·e psychologue afin de proposer écoute et soutien à la personne bénéficiaire et/ou son aidant·e. Les deux autres prestations financées sont l’ergothérapie et le case management. Deux projets Protocole 3 sont actifs à Bruxelles : le soutien à domicile pour les plus de 60 ans, géré par Brusano, et le projet ASAPP pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou troubles apparentés et leurs aidant·es, géré par Alzheimer Belgique. NB : Si vous êtes intéressé·e par ces projets Protocole 3, sachez qu’ils seront présentés lors de la prochaine Concertation thématique Liaison ambulatoire-hôpital le 2 décembre prochain.

 

Quelle suite à cette matinée ?

 

La matinée du 10 octobre a permis de répondre à de nombreuses questions très pratiques : contacts, délais, disponibilités…

 

Elle a également mis en évidence le besoin de soutien des intervenant·es non spécialisé·es sur certaines questions plus complexes relatives à l’accompagnement de bénéficiaires en difficulté psychologiques. L’équipe d’appui au Bassin Sud-Est réfléchit aux actions possibles pour à la visibilisation de l’offre de formation, de supervision ou d’accompagnement proposée par une série d’acteurs sur différents enjeux de santé mentale.

 

À court terme, l’éclairage des dispositifs en santé mentale disponibles dans le Bassin Sud-Est se poursuit en 2026 avec deux autres matinées :

  • Matinée n°2 – 20 janvier 2026 : Focus sur les ressources pour faire face à l’urgence/la crise et l’accompagnement en milieu résidentiel (il est déjà possible de s’inscrire)
  • Matinée n°3 – 12 mai 2026 : Focus sur les services permettant de renouer des liens et de développer un projet de revalidation sociale ou professionnelle

 

Pour les personnes absentes le 10 octobre, rappelons que l’aide-mémoire en ligne reprend l’ensemble des dispositifs ambulatoires et à domicile du Bassin Sud-Est.